Je laisse tout tomber... (La suite...)
A quoi bon tout ça ? Je laisse tout tomber…
Il suffit alors de me souvenir de tous vos commentaires de remerciements, tous vos messages de soutien depuis des années, pour me remettre les pendules à l’heure. Prenez donc un petit peu de votre temps pour lire ce qui arrive à mes « pendules » !
Ces derniers temps ma morosité passagère me soufflait de tout laisser tomber, mes blogs, l’écriture, toute forme de communication. Une lassitude extrême, de retour d’une énième hospitalisation, me convainquait presque de me retirer en ermite dans le fin fond du Morbihan, où je me trouve déjà ! De ne plus écrire une seule ligne… C’est vrai après tout… le petit démon de la zizanie, qui trotte dans ma petite tête, essaie avec astuce et perversité maligne de me prouver que tous mes efforts de partage, de communication sont vains et vaniteux ! Quoi ? Mais pour qui se prend-elle, cette Liza, sortie du ruisseau charbonneux d’un coron de ch’Nord pour vouloir « informationner » et « instructionner » le monde des patients et de leurs soignants ? Pense-t-elle apprendre quelque chose à qui que ce soit en publiant ses livres témoignages sur une maladie auto-immune qui ne dérange que ceux qui en sont atteints et ne fera jamais l’objet de quelque recherche que ce soit, étant trop peu « rentable » pour les laboratoires de renom ? Et puis, quelle indécence dans sa façon de publier cet espèce de journal de bord, où elle dévoile à qui veut bien les lire, toutes ses mésaventures grotesques ou absurdes, parfois cruelles, liées à ses hospitalisations. Quelle impudence, quelle audace, quelle effronterie dans cette façon hypocrite de vouloir tout dépeindre sous la lorgnette de la critique humoristique ! N’est pas humoriste qui veut, et bien âne celui qui fait des vers sans le vouloir ou sans le savoir, à votre guise….
Vous comprenez que dans cet état d’esprit proche du « ground zero » il ne me reste plus qu’à me raccrocher aux branches de l’amitié ! Ouf ! Heureusement que la dernière tempête bretonne n’a pas tout décimé. De solides preuves d’empathie et d’amour me ramènent à de plus tolérables sentiments. Oui, ce que j’écris est utile, oui, ce que je dépeins aide d’autres patients à y voir plus clair, ou du moins à se sentir moins seuls dans ces labyrinthes de solitude, d’incompréhension, et de souffrance difficile à exprimer.
A la veille d’une nouvelle hospitalisation (semaine du 12 janvier 2009), alors que je ne connais pas encore tous les résultats des examens de la dernière (semaine du 15 décembre 2008), alors que mes douleurs augmentent de jour en jour et que je vois l’évolution lente, progressive et sûre de mes lésions musculaires, j’en suis à espérer l’évasion totale vers un monde tout blanc, de douceur et de tendresse. Attention, ne vous méprenez pas ! Loin de moi l’idée de vouloir quitter définitivement ce monde où je suis déjà bien entourée d’affection ! Non, mais l’idée d’un sommeil prolongé, le temps de trouver le remède miracle, juste le temps de mettre au point la formule, quelques petites années, pendant lesquelles le sommeil me protègerait de ces bobos quotidiens et de mon souci… Quel souci ? Celui d’être source de tristesse ou de peine pour ceux qui m’aiment. Je sais gérer mon état, mais je ne maîtrise pas les sentiments des autres et j’angoisse à l’idée d’être une charge affective difficile à porter. Alors que si je passais mon temps dans le domaine du rêve (Dites-moi que je rêve !) je ne serais plus source de contrariété pour personne. Voilà… Vous me suivez ?
J’avoue que ce billet ressemble plus à un délire maniacodépressif qu’à un échange, mais dites-vous bien que c’est grâce à ce genre de billet que mon angoisse s’atténue, grâce à votre écoute patiente et tolérante, et que si, il y a presque 4 ans, je n’avais pas eu l’initiative d’ouvrir ce blog, j’aurais été privée de l’amitié virtuelle de plusieurs d’entre vous, fidèles depuis le début, fidèles soutiens de mes dérives épistolaires, fidèles soutiens aux moments les plus périlleux, ceux des déprimes incontournables, déprimes passagères. Sans vous combien ces années auraient été plus pénibles. Sans vous, jamais je n’aurais osé me lancer dans l’aventure de la publication. Sans vous je n’aurais pas été sensible au besoin de partage et de réconfort que nous trouvons dans nos échanges. Alors lorsque je relis vos commentaires chaleureux et empathiques, mes pendules se remettent à l’heure, et je retrouve le courage et la volonté de me battre contre le processus d’autodestruction déclenché par mon corps. A tel point que ma résolution pour l’année 2009 est LA GUERISON ! 2009 sera l’année de ma guérison, de notre guérison, ou ne sera pas ! Na !
Voyez, les p’thys loups ! Il reste encore pas mal de vent dans mes voiles ! J’avancerai encore… jusqu’à la guérison, foi de p’tite grenouille !
Prenez soin de vous. Soyez forts. Exprimez-vous. Epanchez-vous. Meilleurs voeux. Je vous aime.
Petite anecdote rigolote :
Hier soir, Ray et moi avions rendez-vous avec le médecin. Un autre remplaçant. Depuis 6 mois je n’ai pas revu mon médecin traitant, parti en congé maladie. C’est au moins le 5ème remplaçant que je découvre, hier soir. Un vieux monsieur à l’accent belge. La dernière fois c’était un jeune espagnol ! Dans la salle d’attente nous sommes trois. Une dame arrivée avant nous attend son tour. A la sortie d’un patient, le docteur demande à recevoir Mme Maréchal. Personne ne répond. « Comment vous appelez-vous ? » La dame répond : « Lempereur » ! Et le médecin, en triturant un vieux cahier tout froissé : « Ah ça doit être ça ! » Il s’était juste trompé de fonction ! Ah ah ! Je vous jure que ce n'est pas une histoire belge... la vérité vraie !
La suite... de cette anecdote ! L'objet de ma visite à ce énième remplaçant de mon médecin traitant était de me faire enlever les trois points de suture de ma biopsie. Quelle idée ! J'aurais mieux fait de me les enlever moi-même ! Ou de faire appel à la douce infirmière qui vient faire mes prises de sang. D'abord, il n' y avait pas d'électricité dans son coin auscultation ! Pas de lumière ! Juste une ampoule à changer... Vrai de vrai ! Mais le pauvre, depuis trois jours, il n'a pas eu le temps de la remplacer. Il me demande de m'allonger ! Pas question ! je m'assoie juste sur le bord de la table d'auscultation car il ne change pas le tissu protecteur qui a servi déjà plusieurs fois : cela se voit, il est tellement froissé ! Pour éclairer l'intervention Ray utilise la torche Maglite que lui propose le médecin (on se croirait dans un pays du quart-monde)... Pour me retirer les points, le médecin utilise une vieille paire de ciseaux (!!) Evidemment il me fait mal mais je serre les dents chaque fois qu'il triture ma plaie. A la fin, je pousse un cri lorsqu'il essuie la cicatrice d'un geste sans douceur ! "Ah bon ? Cela fait mal ?" "Non, Docteur ! C'est un plaisir ! Merci !" Ah Ah ! je deviens maso avec le temps !
Liza Lo Bartolo Bardin