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  • Luberon, terre provençale très prisée par les amateurs de beaux villages, de calme, de beau temps et de douceur de vivre. Liza y retrouve l'inspiration pour sa nouvelle vie d'écrivaillonne.
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2 juin 2010

Les défis d’Iter - par Jean Claude Escafit

Un noyau de soleil sur Terre

Au carrefour de quatre départements provençaux, le site de Cadarache va accueillir le plus grand complexe expérimental du monde : Iter. Les évêques de notre province ecclésiastique se sont rendus sur place le 31 mai dernier, pour visiter le projet. Pari scientifique audacieux et chance pour l’économie de la région, la mise en place de ce réacteur révolutionnaire génère aussi de nombreux défis, y compris pour l’Église.


   

Les défis d’Iter
par Jean-Claude Escafit


C’est une plate forme nue de 40 hectares (sur les 180 ha du projet) que les évêques de la région ont aperçu ce 31 mai. Pour l’heure, 2 millions de m3 de terre ont été déblayés ; une énorme route, où passeront 300 convois exceptionnels depuis Fos-sur-Mer, a été aménagée et un colosse de 60 m de haut – le cœur du réacteur - est en passe d’être dressé. Ce chantier pharaonique qui devrait durer encore près d’une dizaine d’années est à la mesure des attentes suscitées, comme des défis à relever.

Le défi foncier

« Vive la fusion au pays du soleil ! », « Iter, l’énergie du futur au cœur de la Provence » : dans la mairie de Saint-Paul-lès-Durance, village de 1000 habitants qui abrite le centre de Cadarache et le site d’Iter, les affiches exhibent des slogans lyriques. Comme les commentaires du maire socialiste : « Cadarache, c’était déjà un gâteau extraordinaire, Iter, c’est la cerise. Notre renommée ne sera plus européenne mais mondiale ! », lance Roger Pizot. Les deux sites occupent 40 % des 4500 hectares de cette petite commune des Bouches-du-Rhône. « C’est vrai qu’il y a d’importantes retombées économiques, mais nos communes rurales ne devraient être que très peu concernées par l’accueil du millier de chercheurs et techniciens. Ils préfèreront se tourner vers des villes comme Aix ou Manosque. En revanche, loger les ouvriers du chantier est un casse-tête. » Propos corroboré par Bruno Vidal, le curé de Peyrolles (Aix-Val de Durance) qui dessert la paroisse de Saint-Paul. Ils sont environ 4000 lors du pic de construction. Et plusieurs entreprises de BTP auraient renoncé, faute de logements adaptés à leur personnel. Il faut dire que l’on ne trouve plus de terrains disponibles à proximité. Et dans un périmètre important, les prix des mètres carrés ont explosé. À l’évidence, le défi foncier n’est pas le moindre à relever. Même pour les familles des scientifiques de 30 nationalités différentes qui s’établissent peu à peu dans la région, en plus des entreprises sous traitantes et des 6000 salariés de Cadarache déjà installés.

Un défi culturel pour l’Église

A 20 km d’Iter, Manosque a anticipé cette arrivée inédite. En 2001, le maire a lancé un plan sur 20 ans, qui s’est accéléré dès le choix officiel, en 2005, du site. 1600 logements ont été programmés en deux ans. Un hôpital et un lycée international sont sortis de terre. « C’est que le défi du vivre ensemble est grand, commente Gilbert Marijsse, curé de Manosque, commune de 20 000 habitants qui n’en comptait que 8000 en 1960. En trois ans, cette agglomération des Alpes-de Haute-Provence a absorbé 38% des nouveaux arrivants (contre 43 % dans l’ensemble des Bouches-du-Rhône, 9% pour le Vaucluse et 8% pour le Var). Au Conseil pastoral, nous nous sommes dit qu’il ne fallait pas rater le train de l’interculturalité. Nous avons participé à la réflexion des pouvoirs publics sur la transformation de la ville et mis sur pied « Manosque Fraternité », sur le modèle de concertation interreligieuse de « Marseille Espérance ». Tous les dimanches, nous avons à l’église une quinzaine de nationalités de tous les continents. Nous organisons des célébrations d’accueil des nouveaux venus et traduisons les homélies en quatre ou cinq langues », poursuit ce prêtre polyglotte d’origine flamande. « Tous ces projets dans la ville créent une effervescence où craintes et enthousiasmes se côtoient. »

Les défis scientifique et économique

Assurément, le projet ne laisse pas indifférent. Entre enthousiasme aveugle et hostilité irraisonnée, il suscite des réactions contrastées, des deux côtés. La réalité est moins tranchée. « C’est vrai que le projet reste une aventure, car une grande incertitude demeure sur sa réussite, confie Didier Paul, ingénieur au CEA et enseignant-chercheur. C’est un pari sur l’avenir, dont notre génération ne verra pas les fruits, tout comme une expérimentation qui n’est pas du tout anodine (voir encadrés). C’est pourquoi des précautions infinies sont prises pour éviter tout risque, au détriment du calendrier de la construction. Mais, conclut ce scientifique par ailleurs membre du Conseil pastoral du diocèse d’Aix et Arles, pour nous chercheurs, cela va être une bouffée d’oxygène. C’est à la fois un brassage de cultures stimulant pour la recherche et une dynamique de formation pour les universités de la région. Et Iter ouvre de formidables perspectives environnementales pour les générations futures. Ne pas tenter un tel projet serait une grave erreur. »

   


Reproduire l’énergie solaire sur Terre

Le projet (présidé par un Japonais) consiste à tenter de reproduire sur Terre l’énergie solaire, en faisant fusionner des atomes (au lieu de les briser par fission), qui produiront du plasma. Le défi est de pouvoir contrôler durablement ce gaz chauffé à très hautes températures (100 millions de degrés) dans un anneau électromagnétique poussé à des conditions extrêmes. Objectif : produire une source d’énergie analogue à celle du Soleil et... transformable en électricité !
L’avantage : des déchets nucléaires à faible durée de vie (une génération contre plusieurs millénaires).
Les inconvénients : l’incertitude sur sa réussite à un horizon lointain. Et ses coûts, au détriment d’autres projets, notamment environnementaux : l’objet des critiques des écologistes, lors des élections régionales.

Des coûts qui explosent

Initialement estimé à 10 milliards d’euros sur 30 ans, le budget explose. Le coût de construction pour l’Europe par exemple est passé de 2,7 milliards à 6 milliards d’euros. 45 % du budget sont financés par l’Union européenne (dont 10 % par la France, incluant une subvention des collectivités locales de 467 millions d’euros), le reste, pris en charge par les autres partenaires : États-Unis, Chine, Russie, Corée du Sud, Japon.

Les dates

Les premiers coups de pioche ont eu lieu en 2007. Le montage de l’installation de recherche commence fin 2010 pour un début d’expérimentation en 2019 et une éventuelle exploitation après 2050 !



Texte : Eglise d’Aix et d’Arles, Revue n° 33, juin 2010

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