Qui se plaindrait ? Surtout pas moi !
Je devrais être contente de ce début d'année. Deux livres publiés presque en même temps. Tous les deux en janvier.
Un roman chez les Editions Laura Mare, et un fait vécu chez les Editions Flammes d'âme.
L'année 2010 démarre sur les chapeaux de roue. Des salons du livre un peu partout entre février et juin, déjà programmés, celui de la forêt des Livres qui se profile à nouveau au terme du mois d'août, et puis un autre roman signé pour une parution à l'automne prochain, et encore un autre roman à présenter pour avril 2011. Mon temps est tout programmé déjà.
Qui se plaindrait ? Personne. Et surtout pas moi. Je reconnais que tous ces évènements réalisent mon rêve. Celui de pouvoir écrire, d'être publiée et enfin lue. Et tout cela grâce à celles et ceux qui me font confiance, qui aiment mes mots, mes histoires, mes univers. Alors ? Où est le problème ?
Le problème est latent depuis 5 ans maintenant. J'ai conscience d'avoir lutté avec succès depuis l'annonce du diagnostic : une dégénérescence musculaire irréversible et incurable, la polydermatomyosite. J'ai accepté avec toute ma bonne volonté tous les traitements, toutes les injections, tous les soins, subi quantités d'examens, d'innombrables hospitalisations, affronté toutes les situations des plus simples aux plus aberrantes, supporté des maltraitances mais aussi rencontré des personnes compétentes et humaines dans un milieu qui se dit de plus en plus inhumain, l'hôpital. A ce jour, je continue à faire confiance au professeur qui me suit maintenant depuis deux ans à Paris.
Seulement, voilà, c'est maintenant en moi que je perds confiance. Pas de véritable rémission en cinq ans. Des accalmies tout au plus. Des rechutes presque tous les ans à la même époque, le printemps. Alors j'en viens au sujet qui me chagrine et que je partage avec vous car j'ai besoin de communiquer : l'an dernier j'étais fermement convaincue que je parviendrai à guérir avant la fin de l'année. Grossière erreur. J'ai été trop optimiste. En ce début d'année, je persiste et signe : je revendique le droit d'espérer la guérison quoiqu'en pensent les sommités médicales. Je revendique le droit de croire que nos ressources intérieures seront plus fortes que toutes les affirmations scientifiques. Mais même si mon mental résiste, mon corps, lui, ne suit pas toujours les voies que je lui impose. Je sens bien ces derniers temps qu'il rechigne, qu'il recommence à me donner des signaux d'alerte. L'appréhension devient forte de devoir à nouveau subir des injections, ces fameuses injections qui m'ont redonné vie l'an dernier. Heureusement j'avais tellement bien répondu à ce traitement que trois séries ont suffi au lieu des six programmées. Les immunoglobulines me faisaient peur. Elles m'ont finalement permis de vivre à peu près normalement pendant ces neuf derniers mois. Je revois mon professeur mercredi prochain à Paris, et je saurai enfin s'il faut réadapter mon traitement déjà trop lourd.
Finalement je trouve vraiment indécent, face à ce que subissent des millions de personnes à cause de catastrophes comme celle que vient de connaître Haïti, de se plaindre. Comme dit l'adage : tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Alors je m'interdis la moindre plainte. Et je refuse d'imaginer le pire. Puisque la recherche avance "à grands pas" nous dit-on, je vais poursuivre mon autosuggestion et me persuader que ce n'est plus qu'une question de "temps". Celui qu'il faudra pour trouver LE remède. Celui qui manque à toutes ces pathologies embarrassantes qui nous pourrissent la vie. En attendant, patience, espoir et encore patience. Que tous ceux et celles qui souffrent comme moi de maladies auto immunes gardent espoir et cessent de se lamenter. Soyons persuadés que nous verrons le bout du tunnel dans peu de temps. En attendant, faisons confiance aussi en nos propres ressources intérieures, celles qui vont nous pousser vers l'avant et nous donner la force d'avancer "contre vents et marées". Allez, on oublie la douleur, on oublie la fatigue, on oublie les marques physiques et on se dit qu'il y a bien pire, n'est-ce pas ? Alors tous ensemble pour vaincre et guérir !
"Car l'espoir des vaincus est de n'espérer point." Théodore Agrippa d'Aubigné
Liza Lo Bartolo Bardin