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  • Luberon, terre provençale très prisée par les amateurs de beaux villages, de calme, de beau temps et de douceur de vivre. Liza y retrouve l'inspiration pour sa nouvelle vie d'écrivaillonne.
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21 avril 2010

Eärwenn, les messagers de la lande

Couverture_EARWENN_les_messagers_de_la_lande

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Extrait du 1e chapitre

La lande fleurie exhale toutes les senteurs de l’été naissant. Une explosion de couleurs agrémente le tableau sur une palette où se marient, entre autres nuances, les verts des fougères et le voile pourpre des bruyères. Le tapis jaune des ajoncs illumine l’ensemble avec le blanc des fleurs côtières. Le tout baigné d’une pure harmonie de bleus que l’horizon délimite d’est en ouest bien au delà du Cap Fréhel. Quelques semaines avant l’arrivée massive des touristes, Eärwenn profite pour un peu de temps encore de la solitude et de la sérénité toute particulière de la lande aux mirages. Solitude n’est pourtant pas le terme adéquat. Elle ne s’y sent jamais tout à fait seule.

Les signes deviennent trop évidents. Pourquoi n’a-t-elle pas eu l’idée de les répertorier plus tôt ? La liste serait longue à ce jour de toutes ces preuves accumulées depuis son enfance. Des signes pourtant qu’elle estime trop subjectifs pour le cartésianisme de certains. A quoi bon lister des preuves immatérielles qui ne convaincraient que les simples d’esprit ?  C’est  ainsi que l’on nomme encore de nos jours les esprits ouverts à d’autres niveaux de conscience. Elle est persuadée depuis longtemps que c’est ainsi qu’on la perçoit : comme une " innocente ", celle qui parle au vent et aux nuages, aux arbres, aux minéraux et aux vagues de l’océan. L’époque n’est pas si lointaine où l’on envoyait au bûcher les filles comme elle.

Pourtant les signes sont là, tellement présents, tellement visibles. Elle ne comprend pas l’aveuglement qui l’entoure. " Un jour, ils verront, tout comme moi, la réalité pour l’instant invisible… un jour leurs yeux s’ouvriront et … rira bien qui rira le dernier ".

Dans un éclat de rire lancé vers le ciel, Eärwenn poursuit son escalade accompagnée par les cris des mouettes et le chant de la mer. Celle-ci est calme aujourd’hui. La jeune fille a pu débuter l’ascension au pied de la falaise, là où les vagues  viennent lécher à marée haute le granit rose de la côte. Débordante de vitalité elle ne ménage pas son corps. Chaque jour un nouveau pan de falaise la met au défi d’accéder à son sommet, les mains nues, sans accessoire aucun. Sans aucune peur ni appréhension non plus. Son corps et la roche ne font plus qu’un. Que pourrait-elle craindre ? Du plus loin qu’elle se souvienne elle n’a jamais eu à se plaindre de son amie la falaise. Elle se sait protégée. Depuis toujours. C’est comme ça.  Tant pis si cela dérange les autres, les jaloux. Eärwenn sait, un point c’est tout. Elle sait sans comprendre, mais cela lui suffit.

…..

Extrait du 4ème chapitre

Pourvu que rien ne les sépare. Rien ni personne. Ni réel ni surnaturel. Ni ange ni démon, ni messager… L’année entière passée aux côtés de sa petite fée lui a permis de découvrir un autre monde, invisible mais tout aussi authentique. Moins imaginaire que le laissent entendre les esprits chagrins, les esprits cartésiens. L’esprit ouvert à toutes les expériences, à toutes les connaissances, il a pu en un an collecter quantité de confidences. En bonne compagnie, les langues se délient plus facilement à la tombée de la nuit, pendant les veillées. Et les contes et légendes sont autant d’alibis pour confier à l’auditoire certaines vérités " impalpables ". Lorsque le merveilleux habille le récit, celui-ci en devient plus audible et par là plus perceptible par le plus grand nombre. Et Thierry avait bu littéralement les paroles venues d’un autre temps, les vérités ancestrales, celles qui font peur et qui enchantent à la fois, parce qu’elles révèlent au commun des mortels la puissance étrange d’un autre peuple, celui qui hante les landes et les falaises, celui qui a enseigné les secrets de la lande à sa " petite fée bien-aimée ". Il attend maintenant l’invitation, celle qui lui ouvrira les portes du sacré. " N’oublie jamais de ne pas te fier aux apparences… Sache que nous sommes d’une essence immortelle… L’être suprême qui est au-dessus de nous veut nous enseigner… Il a envoyé ses messagers, sachons les écouter."

Extrrait du 5ème chapitre

            Honteux de la trouille qu’il venait de ressentir sur les bords de la falaise, Charles-Henri atteignit le  bistrot du bourg un peu avant midi, surprenant les clients accoudés au comptoir par son élocution embrouillée et confuse. Après trois verres de vin blanc, il daigna accorder un regard au reste du monde. Il n’était pas vraiment apprécié des villageois, ce rustre, cet ivrogne de Charly. On lui imputait tant de petits délits mesquins et pervers, que le bourg entier avait fini par le battre froid. Il n’en avait cure. L’alcool lui redonnait tous les courages et tous les aplombs pour affronter le mépris de tous. Mépris bien partagé. Il les connaissait bien. " Pas un pour racheter l’autre " persiflait-il souvent entre ses lèvres. " Qu’ils osent me jeter la première pierre, ces hypocrites, ces faux chrétiens, ces pratiquants du dimanche qui font pis que pendre la semaine... " Sa pensée était toujours ponctuée par un crachat. " Vous ne  valez pas plus que moi, bande de nazes ".

Extrait du 7ème chapitre

Rozenn ouvre les fenêtres de la grande maison ancestrale du Vieux Bourg. Comme elle aime cette vieille maison dont les murs gardent le souvenir  de tant de vies heureuses, moins heureuses aussi. Une maison riche de vécu et d’amour. Un grand pignon blanc, le toit en ardoises grises, les murs de granit gris, et les volets bleus. Une maison typiquement bretonne, souvent modèle pour les peintres aquarellistes. Le soleil est à peine levé, et elle s’active déjà. Elle sait que les meilleures heures sont celles de la fraîcheur matinale, celles où le soleil est encore assez clément pour les humains comme pour les plantes. Un comble pour la Bretagne, l’arrosage du jardin. Fait exceptionnel pour cette partie de la France, voici que les services météorologiques annoncent une deuxième année consécutive de canicule. Rozenn raccorde le tuyau d’arrosage au récupérateur d’eau de pluie, presque vide, et abreuve parcimonieusement ses jeunes plantations d’hortensias et de rosiers. Malgré le plaisir qu’elle prend à s’occuper de son petit jardin, ses pensées vont au jeune couple et en particulier à sa petite fille. " La lande finira par me les prendre, eux aussi, comme la mer a pris mon Pierrig ".  Elle ne parvient pas à saisir les motivations d’Eärwenn. " Que se passe-t-il donc dans sa tête pour aimer tant courir la lande, nuit et jour ?

Extraits du 10ème chapitre

"

7

Rozenn ouvre les fenêtres de la grande maison ancestrale du Vieux Bourg. Comme elle aime cette vieille maison dont les murs gardent le souvenir  de tant de vies heureuses, moins heureuses aussi. Une maison riche de vécu et d’amour. Un grand pignon blanc, le toit en ardoises grises, les murs de granit gris, et les volets bleus. Une maison typiquement bretonne, souvent modèle pour les peintres aquarellistes. Le soleil est à peine levé, et elle s’active déjà. Elle sait que les meilleures heures sont celles de la fraîcheur matinale, celles où le soleil est encore assez clément pour les humains comme pour les plantes. Un comble pour la Bretagne, l’arrosage du jardin. Fait exceptionnel pour cette partie de la France, voici que les services météorologiques annoncent une deuxième année consécutive de canicule. Rozenn raccorde le tuyau d’arrosage au récupérateur d’eau de pluie, presque vide, et abreuve parcimonieusement ses jeunes plantations d’hortensias et de rosiers. Malgré le plaisir qu’elle prend à s’occuper de son petit jardin, ses pensées vont au jeune couple et en particulier à sa petite fille. " La lande finira par me les prendre, eux aussi, comme la mer a pris mon Pierrig ".  Elle ne parvient pas à saisir les motivations d’Eärwenn. " Que se passe-t-il donc dans sa tête pour aimer tant courir la lande, nuit et jour ? "

….

" Promets-moi de ne rien faire d’illégal ! ". De toutes leurs forces conjuguées, ils parviennent à déplacer un morceau de la pierre. L’espace ainsi dégagé est suffisant pour les laisser passer. Il répète plus fort : " Promets-moi de ne rien faire d’illégal ou de dangereux ! " Pour toute réponse, le rire de la jeune fille résonne dans le conduit qu’ils découvrent finalement sous la dalle rocheuse.

-        Mince alors ! On ne va quand même pas entrer là-dedans ? On finira noyés comme des rats !

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