Thierry AMIEL Dialogue imaginaire avec RIMBAUD

Dialogue imaginaire transmis par Pat 

" Je viens de retrouver celui-là ! Ce n'est pas Rimbaud que chante Thierry, mais Verlaine, mais avant, pour comprendre ce post, je mets celui de Morphée, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas ...

Auteur : morfée
Sujet : Dialogue imaginaire
Date : 25/11/2003 02:22:21


Alors là, je dis que c'est la faute de Sorenza. Elle a commencé par écrire Rimbaud, ensuite elle m'a parlé de rêve. Et voilà le résultat alors que j'avais simplement prévu d'aller dormir.
Juste une petite indication, c'est Rimbaud qui prend la parole en premier.

Dialogue imaginaire.

Deux jeunes hommes se font face.

21 ans, blonds, artistes.

L'un n'a plus que quelques textes à écrire pour marquer à jamais la poésie de son incandescence.

L'autre commence tout juste à donner la mesure de son talent dans la chanson.

Poète, il se voulait Prométhée à la recherche d'un nouvel absolu. S'est-il trop brûlé ? De son entreprise il ne restera que les mots. Pour lui, bientôt, de simple cendres à dédaigner. Pour nous, plus tard, des joyaux insaisissables.

Chanteur, il s'émerveille de l'émotion qu'il peut faire passer. Lui qui n'en n'était pas si sûr il y a peu. Mais il doit encore tenir ses promesses pour pouvoir nous emmener plus loin que nous ne l'avions imaginé.

Le décor posé, que peuvent-ils bien se raconter ?

- Ne fais pas ce chemin.
- En envisageais-tu un autre avant de l'avoir fait ?
- Ils ne comprendront pas.
- Il n'est pas nécessaire qu'ils comprennent. Juste qu'ils m'écoutent.
- Il faudrait déjà qu'ils te reconnaissent.
- Tous les artistes ne sont pas maudits.
- Tu ne pourras rien changer.
- Peut-être. Je ne suis qu'un artiste
- Qui, si ce n'est l'artiste, peut le faire ?
- Beaucoup de monde. Chacun d'entres nous, si nous essayons.
- C'est vain.
- Non. Tu as renoncé trop tôt !
- Qu'ais-je donc encore à écrire ?
- [silence] Presque rien, tu as raison. A ta place, moi aussi j'arrêterais.
- J'ai été tellement loin. Ne vas pas si loin.
- Pas tout de suite en tout cas. Mais comment résister à l'appel de la comète ? Aurais-tu pu ralentir ?
- Non, car alors, même à ce moment là, ça n'aurait pas eu de sens.
- Pourquoi être voyant si j'arrive quand même à toucher les gens ?
- Comment toucher les gens si tu n'es pas voyant ?
- Je veux plus. Apporter un vrai changement.
- Je te l'ai dit, c'est vain.
- Je ne renoncerai pas.
- [silence] Oui, ne renonce pas. Tu es plus lucide que moi
- Il faudra que je me donne totalement.
- A ton art seulement.
- Pourrai-je créer une oeuvre aussi intense que la tienne ?
- Je ne sais pas si je te le souhaite.
- Que peut-on souhaiter d'autre à un artiste ?
- L'art n'est pas obligé d'être aussi violent et douloureux. On se souvient de la douceur, du rêve et du rire aussi.
- Il vaut mieux que mon chemin soit long alors.
- Long ou court, la seule chose qui importe c'est qu'il soit entier.

Le décor s'estompe, les siècles redeviennent infranchissables et la mort redresse les barrières que la communion de l'art avait permis d'abaisser.


Morfée

Auteur : Stéphane (193.252.170.xxx)
Sujet : Re : Dialogue et disques imaginaires
Date : 25/11/2003 12:32:58

"Quel beau dialogue quasi fataliste et crepusculaire, Morphée (et ton pseudo contribue à donner à tes mots leur profondeur).

Certes, côté écriture, Thierry est à des années lumières de Rimbaud (il peut certes progresser et en a, dans de récentes interviewes, montrer l'envie). En revanche, côté voix, Thierry donne parfois des émotions très fortes et tout aussi déstabilisantes, vertigineuses et ennivrantes que nombre de poèmes ou de vers de Rimbaud.

Je suis d'ailleurs persuadé que c'est une des raisons pour lesquelles plusieurs d'entre nous, surtout les trentenaires et les quadras, se retrouvent à forumer et à guetter ses apparitions radio-télés; certaines inflexions de la voix de Thierry agirait comme une drogue dont nous serions devenue dépendant. Peut-être est-ce là un des pouvoirs qu'exerce la note bleue sur ses auditeurs en quête d'absolue ou/et de vérité ?

Depuis des semaines, chaque fois que j'écoute une chanson française, il m'ait difficile de ne pas imaginer ce qu'aurait fait Thierrry s'il l'avait interprétée. Souvent, je me dis qu'il aurait fait bien mieux. Ce n'est point là un jugement rapide et trop marqué de subjectivité; c'est une conviction, fondée sur l'écoute attentive de ses interprétations (celles de "A la recherche", puis des chansons figurant dans son album et des autres titres qu'il a depuis chanté sur tel ou tel plateau).

J'attire du reste votre attention, sur une des facette de la personnalité de Thierry. Il se dit et se montre exigeant, travailleur, attentif à beaucoup de choses (rappellez vous ce qu'il disait à propos de son prochain album, de sa production, de sa préparation, de ses arrangements, ...). Mais Thierry est aussi un boulémique. Certes, avant lui, je ne pretais guère attention à ce que pouvait chanter ou non les jeunes chanteurs; mais je suis frappé par la multiplicité des titres qu'il interpète. Bien sûr, le format et la conception de certaines émissions télé obligent à des duos et à des reprises. Mais Thierry qui, un jour chante Lama, l'autre avec Laura Fabian, le troisième interpèteun titre de et avec Hélène Segara, le quatrième encore un autre, donne l'impression de prendre la vie et la chanson à pleine dent, à pleine voix. Là encore on retrouve l'envie et l'appétit que démontrait Rimbaud jeune ou d'autres étoiles... filantes.

Et si Thierry chantait Rimbaud ?

Vous le savez peut-être Léo Ferré (un de nos plus grand poètes contemporains) a mis en musique plusieurs poèmes de Baudelaire, Aragon, Apollinaire, Verlaine et... Rimbaud. La façon qu'à Léo de dire et chanter leurs vers, de communiquer leur force poétique est exceptionnelle. Avec Rimbaud, il atteint très souvent des sommets (par exemple dans "les assis" ou "les poètes de 7 ans".

Thierry qui aime Léo, du moins qui ne parvient pas à retenir ses larmes quand il écoute "avec le temps", pourrait écouter ces albums de Ferré et essayer de chanter Rimbaud, même si, à mon avis, les textes de Verlaine sur les musiques de Ferré lui conviendraient mieux (par exemple "âme te souvient-il", "ô triste, triste était mon âme", "soleils couchants".

Stéphane

Liza Lo Bartolo Bardin (Ligéïa)